Nicolas Frize
Instruments de musique et objets sonores en porcelaine
Fruits d’une résidence à la cité de la Céramique entre 2006 et 2009
Concerts à la Manufacture de Sèvres et dans la grande Galerie des Beaux-Arts en 2009
exposition du 23 novembre au 26 janvier 2025
vernissage le samedi 23 novembre 17h
Jeudi 6 février 2025 17h
Clôture de l’exposition en présence de l’artiste
«… de la précision ou de la lenteur de la porcelaine, de sa métamorphose de pâte à sa cristallisation, jusqu’à son éternité possible, je me suis habité. Au long des jours, les objets se transforment lentement, la concentration le dispute à l’attente, la prévision au hasard, le jeu à l’inquiétude… Au coeur des semaines et des mois, passés au coeur des formes et de la matière, je me suis créé une nouvelle disponibilité. La gratuité des relations avec les personnels, avec la matière, avec les lieux est une source de création en soi, l’apprentissage permanent ouvre des possibles sans fin. L’invention est dans chaque instant, mêlée d’errance et de volonté. Il faut s’étendre, dans l’écoute et le silence. Ce n’est pas la musique qui a besoin de temps, c’est le temps qui donne la musique… La porcelaine est l’art du temps. »
Nicolas Frize, citation, “La, concert de porcelaine p 101″
Samedi 22 février 2025 17h
Projection du film de Corinne Dardé “Notes blanches”
Un témoignage personnel qui évoque la vie de la Manufacture de Sèvres, le travail de la matière et des sonorités qu’on peut en obtenir. Des traces très suggestives d’une aventure musicale, 42 minutes d’émotion…
Nicolas Frize
Compositeur
Plus de 130 créations, orchestrales, instrumentales, chorales, électro-acoustiques, mixtes.
Plus de 600 concerts depuis 1974 ; nombreux et divers furent les lieux : certains recherchés pour leurs significations historiques (monuments, bâtiments ou espaces anciens…), pour leurs connotations sociales (places, usines…), pour leurs spécifications géographico-acoustiques (grottes, champs, marchés, sous la neige, sous l’eau…), d’autres apportés par des occasions (événements, festivals…), d’autres enfin liées à des commandes professionnelles (Théâtre des Champs Elysées, Palais Royal, Palais de la Découverte, Centre Beaubourg, Maison de Radio-France, Musée d’Orsay, Parc de la Villette, Musée d’Art Moderne, Grand Palais, Géode, Sorbonne, Théâtre de la Ville, Palais de Justice, Jardin du Palais Royal, Cité Internationale des Arts, Centres Nationaux, Centres de Rencontres, Universités, collectivités diverses, Châteaux…). Mise en œuvre de partitions originales destinées à associer aux instrumentistes et chanteurs professionnels la participation d’interprètes non musiciens. Petit à petit, le nombre de ces participants (qui restent fidèles au fil des manifestations successives) s’est accru régulièrement, il atteint en Ile de France plus de 1300
Parcours personnel (résumé)
• Nicolas Frize suit des études supérieures de piano, des études de chant et de direction chorale, il est élève de Pierre Schaeffer (classe de composition électro-acoustique au Conservatoire national supérieur de Paris, conjointe au Stage du Groupe de recherches musicales de l’INA – 1973/1974), puis assistant stagiaire de John Cage à New-York (dans le cadre d’une bourse de séjour de neuf mois aux USA octroyée par le ministère français des Affaires étrangères : “Villa Médicis – Hors les murs” – 1978). • Nicolas FRIZE mène depuis une quinzaine d’années sa recherche musicale sur trois fronts
– Les interprètes
Pour un nombre important de ses partitions, la composition use d’une double écriture : ainsi, professionnels et interprètes non musiciens se trouvent-ils souvent réunis dans des créations nécessitant la coexistence d’une notation traditionnelle et d’une notation graphique.
– L’instrumentation
Son goût des combinaisons audacieuses le conduit à faire voisiner et communiquer instruments traditionnels, chœurs et voix, bandes magnétiques et objets détournés. La liste de ces détournements est longue…
– Les lieux et circonstances
Les lieux, inattendus ou traditionnels, vastes ou intimes, les circonstances telles que festivals, fêtes de la musique, inaugurations etc. sont, presque chaque fois instigateurs de la musique qui leur est consacrée et de la forme qu’elle emprunte ; ainsi, d’années en années, les créations, bien qu’imbriquées les unes dans les autres, sont individuellement ponctuelles et uniques.
• Il est le directeur de l’Association « Les Musiques de la Boulangère » – création 1975, qui, au service de la musique contemporaine, travaille à imaginer, créer, produire, diffuser et former. Rayonnant sur toute la France et à l’étranger, l’association reçoit, outre les aides et commandes de diverses collectivités locales et associations culturelles partenaires, des subventions des ministères de la Culture (direction de la Musique, Délégation au développement et aux formations, direction du Livre, diverses Délégations régionales et départementales), de l’Environnement, de la Jeunesse et des Sports (avec agrément), de l’Éducation Nationale, de la Justice, de la Caisse des monuments historiques, de la Fondation de France, de la Caisse des dépôts et consignations, du conseil général de Seine-Saint-Denis, de la Ville de Paris et diverses collectivités territoriales, d’entreprises privées avec lesquelles elle entretient des relations privilégiées et une réflexion toute particulière sur le sens et l’essence du partenariat culturel (France-Télécom, Cabasse, Edf/Gdf…). L’association est agréée auprès du ministère du travail comme organisme de formation professionnelle. Elle dispose par ailleurs d’un Studio Electro-acoustique, qui est mis à la disposition des compositeurs et / ou ingénieurs du son qui souhaitent réaliser des travaux sur bande.
L’association Les Musiques de la Boulangère est dans le dispositif de la permanence artistique de la Région Ile-de-France, en résidence de créateur dans le département de la Seine-Saint-Denis, et bénéficie de locaux (360m2 ) mis à disposition depuis 17 ans par la ville de Saint-Denis.
la, concert de porcelaine
L’instrumentarium de porcelaine né de cette longue recherche de lutherie, est entièrement blanc, biscuité ou émaillé. Une myriade d’objets sonores suspendus, posés, accrochés, imbriqués, de toutes formes et de toutes tailles, légers, précis, parfois miniatures, mystérieux, silencieux, attendent les musiciens : une collection de bols tournés, une cabassa ou un udu sortis d’un vase, des claviers de lames rondes, un arbre à assiettes, des triangles ondulés, des feuilles frottées, des chimes faits d’anses de tasses ou de fins colombins, une vasque à boule, un « volutophone », un plateau à billes, des goulottes chantantes, des pluies rebondies, des galets découpés, des dés à dix doigts, une coupe à fruit pour archet de contrebasse, des baguettes scintillantes, des aiguilles dansantes…












Entre 2006 et 2009 Nicola Frize a été accueilli en résidence à la Manufacture de Sèvres ; très vite il a été habité, envoûté par la porcelaine, cette matière inconnue et nouvelle pour lui, et par ses artisans.
Il en est résulté une invention musicale, jouée plusieurs fois à la Manufacture et aux Beaux-Arts de Paris et une scénographie d’objets sonores de toutes formes et de toutes tailles, qui sous des noms aussi baroques que poétiques font entendre les étranges « propositions » musicales délivrées de la porcelaine, au plus profond de cette matière blanche et silencieuse.
Plus de mille pièces en porcelaine ont été fabriquées, certaines ont été acquises par la Manufacture de Sèvres et y restent visibles, d’autres ont été cassées lors du transfert des caves du conservatoire à l’entrepôt de la rue Riant de St Denis, lieu de le collection personnelle de l’artiste et au sein de laquelle ces objets sonores ont été choisis. Ils en appellent à l’éternité de la porcelaine qui les a vus naître et à l’immémorial où ils survivent. Tous nés d’un principe qui s’est progressivement défini au cours des circonstances de la résidence, celui de rendre la matière la moins matérielle possible pour qu’elle libère ses sonorités et ses tonalités comme une forme de respiration intime dans ses mouvements secrets de contraction et de dilatation, ils se hissent vers de nouvelles résonnances, à exister à nouveau dans la lumière qui en émane: la porcelaine n’est vivante que parce qu’elle est ouverte au jour où elle se donne à nous, dans les jeux de la lumière et de l’ombre qui animent son opacité et affleurent en surface.
Montrer la porcelaine comme un être de lumière, tel est le défi que nous essaierons de relever.
Une telle exposition se propose aussi de donner toute leur ampleur aux dimensions de l’activité artistique quand elle instaure ou restaure l’humanité du monde, quand elle en révèle les différentes strates ; C’est une coupe verticale dans un art total et le travail d’un artiste exemplaire pour notre génération :
- Il sait révéler l’art et la création latentes dans le travail humain, dans les institutions, les entreprises et les différents lieux où il a été appelé à intervenir, la plupart du temps en musicien capable de faire entendre les sonorités les plus subtiles dans les bruits de l’activité ou de l’environnement, mais aussi en plasticien sensible aux formes et aux forces les plus inouïes à éveiller au cœur d’une matière intelligente comme la porcelaine.
- Dans les concerts ou événements qui ponctuent ses résidences, conçus comme des expériences à vivre pour le personnel de l’entreprise et le public, c’est une véritable chorégraphie qui se déploie, mettant en scène la dynamique des relations humaines dans le travail, faisant résonner et amplifiant les émotions qui se partagent dans une dimension chorale.
- Enfin, et c’est fondamental dans cette exposition, il y a un souffle qui traverse ces pièces réunies, un véritable rêve de porcelaine, porté par cette dimension physique, amoureuse, sensuelle, voire érotique de l’activité. Caressées par la lumière, sorties brutalement de leur sommeil, les formes se mettent à vivre de toute la force de leurs désirs et de leur poésie orphique.