Elsa Minc
exposition du 5 décembre au 26 janvier 2025
Prolongée jusqu’au 1er février 2025
rencontre et présentation du travail d’Elsa
vendredi 13 décembre à partir de 17h
NB: HCE galerie sera fermée du vendredi 27 décembre au jeudi 2 janvier 2025
J’ai été initiée aux arts plastiques dans les écoles de Saint -Denis (Victor Hugo et Souris Verte) auquel je suis très attachée. Je n’ai plus pratiqué par la suite. Mais il paraît que les loisirs découverts et appréciés pendant l’enfance reviennent parfois des décennies après …
Tout a commencé il y a 7 ans lorsque j’ai voulu reproduire des écritures réalisées en fil de fer, écritures en trois dimensions que je trouvais magiques car planant dans le décor.
A la mort de mon père, je me suis réfugiée dans cette activité qui a été pour moi une source d’apaisement, de plaisir et d’autoréalisation, une véritable thérapie ! J’ai expérimenté d’autres formes, des maisons, des formes hybrides, sculptures mi-organiques mi- minérales…
J’ai décidé, il y a peu, de suivre les conseils de mon entourage et d’exposer mes créations plus largement… Le regard d’autrui m’importe, qu’il soit positif ou pas, il est souvent très constructif.
En espérant que le fil suspendu alimentera l’imaginaire de chacun et sera un passeur de poésie. (Elsa Minc)
Dans le bureau de la galerie, nous vous donnons à voir une œuvre très sensible qui pourrait être le développement d’un vers de Mallarmé :
« Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de renouer »
Il y est question du travail sur le fil et de sa suite, le filet qui tient l’œuvre, du maillage qui en met les éléments en réseau et en tension, des nœuds et points de rencontre, des gestes issus de « l’enfance de l’art » et d’un temps originaire symbolique du travail des femmes, où Elsa s’inscrit, à l’image de la « réseleuse », celle qui fait le « résel »ou tulle portant dessins et fleurs composant la dentelle ; des mots utilisés en ce 12ème siècle, quand Suger édifiait la basilique de St Denis .On y parlera aussi de la fonction réparatrice de l’art, l’artiste y tient !
Les résels d’Elsa
C’est tout un peuple de créatures filiformes que nous propose Elsa, des créations de fil torsadé, noué, tressé ou maillé, tout en finesse et subtilité, en suspension et en légèreté, nimbées dans leur voile de mystères et des entrelacs secrets, lourds de sens et des implications, de l’application de la main de l’artiste. Elles sont habitées des premières pulsions créatrices de l’enfance, une façon de rassembler dans une boîte ou un filet les choses disponibles sous la main pour en faire des objets précieux, de les disposer, les étaler pour les garder bien au chaud sous le regard, de les confier comme un trésor à un autre regard aimant qui saura l’apprécier. Il est tellement important de se convaincre qu’il y a des choses précieuses, qui touchent au plus profond du cœur et méritent qu’on ait des égards vis-à-vis d’elles, qu’on s’en souvienne : n’est-ce pas les limbes de l’art ?
Pour tous ces objets émanés de la main de l’artiste, un nom s’impose pour les rassembler dans une même famille et en préserver le mystère propre à chacun. « Résel » assone avec Elsa et sa première consonne assure le recommencement indéfini de la création, sa relance et sa relève, c’est un mot archaïque, issu de l’ancien français, tapi dans le fond de ses archives ; dans la langue de Marie de France, l’une des premières à utiliser la langue de tous les jours dans sa création, ce mot désigne le tissu aux mailles très fines, une sorte de dentelle dont les femmes enveloppaient leur poitrine ; puis, par son origine latine qui remonte aux rets et aux filets, c’est le support de la dentelle, le travail de la réseleuse, dont le point d’Alençon exigeait dix ans de pratique pour être maîtrisé. Enfin c’est un mot qui a une lignée extraordinaire puisqu’il est à l’origine du mot « réseau », ce que sont bien, à leur façon, les créations d’Elsa, surtout lorsqu’elles apparaissent sur le mur comme des ombres projetées, des choses mises à plat, exposant sur une surface toutes leurs ramifications internes, leur circuit.
Le résel révèle des maillages subtils, des coutures étranges entre les éléments rassemblés par d’évanescentes résilles, des formes surprenantes de fougères, tout ce qui évoque le travail de la nature, ou le dessin des constellations dans le ciel. Il déploie tout un travail de surface, en ce sens très superficiel, très pelliculaire, et qui n’a pour visée que de rendre les choses transparentes, d’en exhiber le squelette.
L’autre dimension du réseau-résel, celle d’assurer la distribution d’énergies, de mettre les choses en tension et au travail en exhibe plutôt la profondeur, les forces agissantes, les perles irradiantes qui redonnent une autre vie à des objets recyclés, les fils de fer ou de cuivre si finement travaillés qu’ils en paraissent niéllés par le passage du temps qui les caresse jusqu’à leur donner une patine d’orfèvre.
Enfin chaque résel est en dialogue avec les résels voisins, ils se répondent dans leur enchevêtrement, unis par ce fil continu où ils trouvent leur origine et leur vie, naissant d’un geste autant de fois rejoué qu’enjoué :le maillage se reprend comme un regard répond à un autre regard, une caresse à une autre caresse et à travers cette réponse s’ouvre, se modifie, s’aère, se trouve un rythme de respiration et se laisse parcourir par un souffle de vie, comme un tissu vivant.
HCE galerie 12 décembre 2024
Résels posés ou en suspension







